Cette histoire, celle d’un homme contraint de vendre son chien pour se payer à manger, peut-être comparé à celle d’un jeune belge parti avec quelques dollars en poche en direction des États-Unis. L’un comme l’autre, la rage au ventre pour moteur, marquerons à jamais l’histoire du cinéma.
Ce récit, celui d’un jeune italo-américain, tient autant de la fable que de la morale. Il est à l’image du budget d’un film, plus il est petit, plus le film est ingénieux, plus il est gros, plus l’ambition se voit entravée. Cette analogie, elle se retrouve tout entière dans le personnage clef de Sylvester Stallone, son alter-ego pelliculé, un certain Rocky Balboa. Et c’est par lui que tout commence, au début des années 70.

Acculé par les traites, Stallone poursuit son rêve coute que coute et pond un script. Celui d’un jeune boxeur. Des rêves plein la tête, lui aussi. Entravée qu’ils sont, par sa condition, celle de la classe ouvrière. Et par un heureux hasard, il se voit donner une chance, celle d’affronter le champion en titre, et par là, prouver à tout le monde qu’il n’est pas un raté. Qu’il peut tenir la distance. Ce que raconte Stallone dans ce premier film, c’est son histoire. Les photos de famille du film, ce sont les siennes. Le chien qu’il adopte ? Celui qu’il rachète après avoir vendu le script à la United Artists. Le reste appartient déjà à l’histoire. En faisant le forcing pour interpréter le rôle titre et en confiant la caméra au réalisateur John G. Avildsen, il s’offre le même final que celui du film. Il ne gagne pas, mais obtient le respect. Respect qui sera couronné de l’oscar du meilleur scénario original, l’année de sortie du film, en plus d’un joli succès critique et d‘un box office plus que satisfaisant.

Stallone est Rocky et Rocky est Stallone. Et tout s’enchaine avec frénésie, avec toujours son alter-égo pelliculé, qui donne la température de l’instant. Vainqueur pour le 2ᵉ opus. Opulent et contraint à la remise en question pour le besoin du numéro 3. Grandiloquent et conquérant pour un 4ᵉ tout de piste. Amoindris et abattu pour l’ultime combat du numéro 5.



Rocky est son baromètre.
Rien n’a changé depuis 1971, hormis le confort financier.
Stallone est à la plume, mais aussi à la caméra, et ne cesse de se raconter. Ses choix. Heureux comme malheureux. Ses victoires comme ses échecs. Ses mariages comme ses divorces. Il navigue à vue, mais documente tout. Il a une part sombre, comme chacun et chacune d’entre nous. Il se crée alors sa part sombre cinématographique, un certain John Rambo.
Et lui aussi, il nous raconte beaucoup de choses.
Comment il a été abandonné par son pays, puis comment il y a cru à nouveau pour finalement se résigner à accepter qu’il n’est qu’une bête, un animal assoiffé de sang, tout comme Stallone est assoiffé de reconnaissance.


Rien n’est suffisant et pourtant, il a réussi l’impossible. En à peine dix ans, il passe de l’anonymat à la célébrité, de la misère à la richesse. Mais quand on a été pauvre une fois, on le reste toute sa vie, et tout l’argent du monde ne peut rien y changer. C’est ce qui fait et explique la carrière de Sylvester Stallone et la rend fascinante.
Celle d’un homme continuellement en marche avant, en marche forcée et qui peut expliquer des choix de carrière parfois hasardeux, pour ne pas dire malheureux. Mais c’est ce qui en fait la superstar la plus humaine, la plus abordable, en témoigne sa proximité avec le public, car tout comme Rocky, son alter-égo fictionnel, il n’hésite pas à ne faire qu’un avec la foule, gravissant les marches une à une avec les anonymes de Philadelphie, comme on peut le voir dans ce formidable cri du cœur pelliculé qu’est Rocky Balboa, ce sixième opus que personne n’attendait.
Rambo n’est pas en reste lui non plus, et reviendra par deux fois, tout d’abord en 2008, avec pour moteur, la rage de la violence pour l’opus le plus fou de la franchise.


Ce nouvel élan, celui du début des années 2000, il est similaire à celui de 1971. On le raille, on le dit trop vieux, et en l’espace de trois films, il met une nouvelle fois tout le monde d’accord. Il en profite même pour mener la marche, offrant à ses camarades de l’action un nouveau vaisseau, celui des Expendables.
Rien ne l’arrête.

Dans sa vie personnelle, il se marie à nouveau, fonde un nouveau foyer, une nouvelle descendance. Il est comme Rocky, il avance, il encaisse, car il sait tout comme lui « qu’il n’y a rien qui ne frappe plus fort que la vie« .
Le décès de son fils ainé peut en attester.
Et pourtant il continue, sans cesse.
Car, souvenez-vous, ce qui compte pour lui, ce n’est pas de gagner, mais bien de « tenir la distance« .
Et pour cela, il restera un exemple à jamais.
𝐄𝐝𝐝𝐲 𝐆𝐎𝐌𝐈𝐒
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𝗟’𝗮𝘂𝗱𝗶𝗼𝘃𝗶𝘀𝘂𝗲𝗹 𝗱𝗲𝘀 𝗴𝗿𝗮𝗻𝗱𝗲𝘀 𝗵𝗲𝘂𝗿𝗲𝘀
Expert Postproduction I Podcaster I Écrivain
« 𝚃𝚘𝚞𝚝 𝚌𝚎 𝚚𝚞𝚒 𝚎𝚜𝚝 𝚍𝚒𝚝 𝚎𝚝 𝚗𝚘𝚗 𝚖𝚘𝚗𝚝𝚛𝚎́ 𝚎𝚜𝚝 𝚙𝚎𝚛𝚍𝚞 𝚙𝚘𝚞𝚛 𝚕𝚎 𝚜𝚙𝚎𝚌𝚝𝚊𝚝𝚎𝚞𝚛 » – 𝙰𝚕𝚏𝚛𝚎𝚍 𝙷𝚒𝚝𝚌𝚑𝚌𝚘𝚌𝚔
Pour aller plus loin, les épisodes du podcast Sep7ième Dimension consacrés à sa carrière :
La saga Rocky partie 1, partie 2 et partie 3
La saga Rambo partie 1