Tom Anderson c’est le premier « PNJ » officiel du web, avec pas loin de 300 millions de contacts à lui tout seul, il était votre « ami » obligatoire quand vous ouvriez un compte sur la plateforme social Myspace. Derrière ce patronyme à la Matrix, se cache le cocréateur du tout premier réseau social, bien avant Facebook.
Son tour de force ?
Avoir aboli les frontières physiques et permit la mise en relation numérique.
Comment ?
Avec un éditeur web de type blog permettant à ses utilisateurs d’y ajouter articles, photos, son et vidéos, et de les partager avec la communauté une fois leur profil crée.
Le social web était né et la liberté y était immense.
Mon histoire avec MySpace, elle commence en fin d’années 2007. À l’époque, je deviens papa d’une petite fille, j’ai quitté Montpellier pour Toulouse et je viens d’être embauché en tant que responsable du pôle vidéo d’une jeune société basée à Labège, et spécialisée dans le film institutionnel aéronautique. Une fois la journée de travail achevée, la petite couchée, il est clair qu’il me manque quelque chose.
Ma revue, Sep7ième Dimension, est en pause depuis le numéro #4, et cela fait déjà trois ans que nous n’avons rien produit. Nous étions liés à l’actualité des festivals et sans eux, pas de ligne éditoriale. Dans ces longues nuits à chercher une nouvelle direction, je découvre l’univers des blogs, des forums spécialisés, et en quelques clics, je m’y crée un profil, au nom du magazine, et au fil des discussions, j’y raconte mon histoire, et peu à peu, j’y vois un nouvel engouement.
Et comme toujours, subsiste un questionnement :
Comment revenir, et surtout pourquoi ?
Sous chaque discussion, les utilisateurs ajoutent un avatar et sous chaque avatar j’y vois un drôle de lien, celui de leur profil MySpace. Je clique sur l’un d’eux et boom, c’est la révélation ! Sur ce site que je découvre, les utilisateurs y sont interconnectés et surtout ils y suivent les noms illustres du cinéma de genre. À ma grande surprise, ils y sont tous, de John Carpenter à Quentin Tarantino, du plus connu des réalisateurs au plus obscur maquilleur prosthétique, et chose incroyable, il n’y a pas de modération, ces comptes sont animés par les noms illustres eux-mêmes.
Et là ça fait tilt.
Si Sep7ième Dimension doit revenir, elle doit le faire par le biais de l’inédit, de l’interview. J’en parle à mon fidèle comparse de toujours, et ni une ni deux la ligne éditoriale s’impose d’elle-même. Nous traiterons d’un film inédit, qu’il soit récupéré en import vidéo ou envoyé par le réalisateur lui-même, nous lui accolerons une interview et ensuite, nous y grefferons un dossier spécial autour de sa thématique. Ne nous restait plus qu’à y ajouter d’autres rubriques et le tour était joué. Entre 2004 et 2007, nous avions terminé nos études, nous étions formés à Photoshop et Indesign, nous étions prêts pour passer à une version beaucoup plus ambitieuse et professionnelle.
En cette fin d’année 2007, chaque nuit, chaque temps mort au boulot était dédié à Sep7ième Dimension. C’était l’époque des pages perso chez l’opérateur Free, et avec un peu d’huile de coude, quelques notions en codage web, on pouvait facilement créer un site. Ainsi naissait sep7iemedimension.free.fr, un site vitrine, que je refondais pour chaque numéro et qui permettait aux utilisateurs de télécharger un bon de commande. Bon de commande qu’ils imprimaient de leur côté, et qu’ils me renvoyaient par voie postale accompagner d’un chèque. C’est ainsi que Sep7ième Dimension, l’association, voyait le jour avec un site de VPC. De l’autre côté, j’utilisais les forums de madmovies.com, devildead.com, horreur.com, horreur.net ou même ohmygore.com pour communiquer sur notre actualité et surtout partager notre site de commande.
L’ancêtre du « retargeting » en somme.
Ne me restait plus qu’à trouver le sujet de cette nouvelle formule, un nom illustre, un inédit.
Ce fut chose faite avec Eduardo Sanchez, réalisateur du film indépendant le plus rentable de l’histoire du cinéma, je parle bien sûr du Projet Blair Witch. Depuis son hold-up sur le box office mondiale en 1999, face à La Menace Fantôme de George Lucas, le monsieur semblait plus discret, ou du moins, nous n’avions pas eu vent d’un nouveau fait d’armes.
Et pourtant, il était revenu avec une autre œuvre, tout aussi viscérale et ayant pour toile de fond un sous genre de la science-fiction, celui du « Alien abduction » ou en version française : l’enlèvement extraterrestre.
Son nom ? Altered.
Sorti en 2006 aux États-Unis, le film n’avait pas franchi la frontière. Le choix validé par mon comparse, je contacte directement le réalisateur sur MySpace et nous commençons alors à discuter sur la messagerie instantanée du site. Celui-ci se révèle flatté par ma proposition d’interview et me propose même de m’envoyer le film, en DVD zone 1, le tout agrémenté d’une bonne vingtaine de photos de tournage. La discussion est simple, fluide et surtout animée par cette même passion, l’amour du cinéma de genre. MySpace venait de concrétiser l’impensable. Ce simple échange numérique venait d’ouvrir des portes que je franchissais allègrement par la suite, avec le même enthousiasme.
Eduardo Sanchez nous accompagnera durant quatre numéros (Altered, Seventh Moon, Lovely Molly et Exists) et aujourd’hui encore, nous sommes toujours en contact. Ragaillardis par l’expérience, les années qui suivirent me permirent de contacter l’illustre créateur de Mad Movies, Jean-Pierre Putters, la vedette des Evil Dead, Bruce Campbell, le créateur d’effets spéciaux, Robert Kurtzman, le fameux K de KNB, les réalisateurs Mike Mendez (Killers, The Convent, The Gravedancers), Jake West (Evil Aliens, Doghouse), Fabrice Lambot (Dying God, Métaluna Productions), Jon Knautz (Jack Brooks Monster Slayer), Richard Shenkman (The Man from Earth), Ryan Nicholson (Gutterballs), Daniel Myrick (The Objective), Ben Rock (Alien Raiders), Lloyd Kaufman (The Toxic Avenger, Troma Inc.), Tony Randel (Hellraiser 2), John Gulager (La trilogie Feast), Kyle Rankin (Infestation).
Une époque bénie, rythmée tous les trimestres par le même rituel :
Traduction des interviews, rédaction et mise en page, réception des bons de commandes, course chez l’imprimeur et envoi en cascade. Nous avions même une dizaine d’abonnés pour un lectorat culminant à une centaine d’âmes.
Cette aventure, nous l’avons menée jusqu’en 2016.
Et le vent se mit à tourner.
Les plateformes de streaming venaient toquer à notre porte, rendant l’inédit plus si inédit que ça, MySpace avait disparu comme il était arrivé, la faute à une mauvaise gestion de son rachat, d’autres réseaux l’avaient remplacé, Facebook toujours, et le développement du web était tel, que plus aucun réalisateur ne prenait plaisir à animer lui-même sa propre page. Un nouveau métier se développait alors, celui de Community Manager, et les réseaux se résumaient déjà à un simple partage d’actualité, une existence numérique obligatoire.
De notre côté, il devenait de plus en plus difficile de lutter contre les webzines, bien plus réactifs et interactifs, et au vu de la somme de travail que demandait un numéro, le temps de le mettre en page, celui-ci n’avait plus rien d’inédit. Mon fidèle comparse, quant à lui, développait une certaine forme de lassitude, nos contributeurs, partaient dans d’autres directions, celui du webzine, toujours.
Et c’est ainsi que Sep7ième Dimension la revue s’arrêta.
De cette époque bénie, j’y porte un regard nostalgique, celle des débuts d’un nouveau mode de communication, d’interaction, et sans MySpace, je n’aurai jamais pu entrer en contact avec ces figures illustres du cinéma de genre, ni même développer un lectorat suffisamment fidèle, nous avions même mis en place un courrier des lecteurs, des sondages et un système d’abonnement.
Pour tout cela, merci à toi, mon premier ami virtuel.
Merci Tom de Myspace.
𝐄𝐝𝐝𝐲 𝐆𝐎𝐌𝐈𝐒
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𝗟’𝗮𝘂𝗱𝗶𝗼𝘃𝗶𝘀𝘂𝗲𝗹 𝗱𝗲𝘀 𝗴𝗿𝗮𝗻𝗱𝗲𝘀 𝗵𝗲𝘂𝗿𝗲𝘀
Expert Postproduction I Podcaster I Écrivain
« 𝚃𝚘𝚞𝚝 𝚌𝚎 𝚚𝚞𝚒 𝚎𝚜𝚝 𝚍𝚒𝚝 𝚎𝚝 𝚗𝚘𝚗 𝚖𝚘𝚗𝚝𝚛𝚎́ 𝚎𝚜𝚝 𝚙𝚎𝚛𝚍𝚞 𝚙𝚘𝚞𝚛 𝚕𝚎 𝚜𝚙𝚎𝚌𝚝𝚊𝚝𝚎𝚞𝚛 » – 𝙰𝚕𝚏𝚛𝚎𝚍 𝙷𝚒𝚝𝚌𝚑𝚌𝚘𝚌𝚔